Le duo, exercice périlleux. Travail sans filet ni garde-fou. Pas la plus petite note de contrebasse derrière laquelle se cacher le temps dune hésitation, pas le moindre filet de cymbale pour masquer une absence, un éventuel couinement. Condition sine qua non pour extraire dun duo sa substantifique moelle : que les musiciens en présence se connaissent. Se « pratiquent » avec régularité.
Cest le cas du saxophoniste Robert Jeanne, doyen du jazz liégeois depuis la disparition de Jacques Pelzer, et du pianiste multi-styles Jean-François Maljean.
Au répertoire de ce duo, une composition de chacun des partenaires : le fameux Stan dédié par Robert Jeanne à son maître à jouer Stan Getz, et Rue de la paix composé par Maljean. Deux titres de Charlie Haden, un des compositeurs préférés de lhomme ouvert quest resté Robert Jeanne. Deux autres uvres made in Belgium, lune de lami(mi) Verderame, lautre de Jack Van Poll, tous deux membres de la galaxie Jeanne. La superbe mélodie de David Raskin et Johnny Mercer, My love and I. Et, plus surprenant (et plus risqué), deux des chansons les plus connues de Jacques Brel, Ne me quitte pas (petit clin dil au Toots ?) et La chanson des vieux amants (petit clin dil à Liliane ?). A noter encore la présence sur deux titres du guitariste Matteo di Leonardi, qui apporte une couleur rythmique et harmonique au cur de cet univers intimiste.
Au total, une symbiose sans prise de tête, un travail axé en priorité sur le son et la mélodie, un beau disque damitié et de complicité.
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